L’Origine du monde

Le point de départ est le tableau de l’Origine du monde de Courbet.

On sait que le tableau est un sexe de femme exposé de façon radicale mais la rencontre que je propose ici au public est celle d’un corps à corps sans intermédiaire aucun.

L’idée centrale de la performance est une rencontre de deux organicités, celle entre le corps du performeur et le corps du spectateur.

J’ai imaginé qu’un « guide » invite le public à tirer des rubans qui sortent de l’intérieur de mon ventre sur lesquels est écrite, à la main, une généalogie fictive qui démarre par des noms Tutsi, Hutu, et se poursuit par des noms d’hommes, animaux, végétaux qui remontent jusqu’au dernier homme trouvé au Tchad, il y a sept millions d’années.

Ouvrir et clore ce texte en terre africaine me semblait également incontournable par rapport à ce thème de « l’origine » de l’humanité.

En tirant ce « fil » de l’écriture d’une généalogie, cela m’a emmené au-delà, et peut-être au cœur de l’histoire de la nomination : j’ai donc retracé, tout au long du texte, les différentes façons de nommer les êtres à travers les époques. À notre ère où l’individu est noyé dans des classifications sociales, il est essentiel de remettre en avant l’importance de la nomination de chaque être vivant.

J’ai souhaité que la fin de la performance soit un peu à l’image de la cérémonie que Jacques Lacan a longtemps pratiquée lorsqu’il était en possession du tableau et c’est un rideau sonore et visuel qui se referme et accompagne le public à quitter les lieux en plein cœur de cette performance-apparition dans laquelle le public ne voit jamais le visage de l’Origine du monde.