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La reine Catherine de Médicis

Dans le cadre de la résidence d’écriture « La vallée des reines » à la Basilique Saint-Denis.

création / durée : 50 min Performance

Pour cette lecture performance Catherine Froment s’est intéressée aux reines de la basilique cathédrale Saint-Denis, dont les corps sont multiples : corps politique, corps de femme, corps fantasmé, corps mort – et bien sûr leur gisante, sculptée dans la pierre des tombeaux.

Représentée par trois statues funéraires dans ce lieu même où elle fut sacrée reine, c’est aujourd’hui Catherine de Médicis que l’autrice performeuse a choisi d’invoquer. 

Le texte poétique fleuve qu’elle lui consacre révèle son caractère hors du commun dans ses multiples facettes, complexifiant l’image figée de « reine machiavélique vêtue de noir et coupable du massacre de la Saint-Barthélemy ». On la découvre dans son enfance, sa jeunesse, et les nombreuses épreuves qui ont jalonné sa vie.

Réflexion autour des liens possibles ou impossibles avec les femmes ou les hommes de pouvoir du passé et du présent, cette lecture-performance nous met en présence d’une reine « à l’œuvre » dans l’exercice de sa souveraineté : habile diplomate, subtile communicante, aussi insaisissable et fascinante aujourd’hui qu’elle le fut pour ses contemporains.

extrait:

« La parole m’a été rendue et je ne me m’arrêterai plus.
Tout à l’heure, je vais m’endormir et ma bouche continuera à parler.
Quand vous croirez qu’elle faiblit, elle ne fera que baisser.
Je suis prise dans cette danse infinie des récits qui se bousculent en moi.
Il faut laisser les choses se raconter, sans volonté, sans rien.
Parfois, au milieu du sommeil, des bribes de nos histoires surgissent, incompréhensibles, et replongent.
Le récit arrive en haut de l’échelle, il retrouve des détails, et puis il se laisse à nouveau tomber.
Les récits montent tous en haut de l’échelle un jour ou l’autre.
Un cri ou un rire, et plus rien, il a déjà disparu.
J’écris dans mon cabinet de travail et le Cher, rivière bien aimée, passe en dessous.

équipe

Catherine Froment, autrice, performeuse.

Avec les complicités de :
Constantin Leu : danseur, performeur
Chiara Mulas : performeuse plasticienne (traduction et voix du texte en italien)
Regard extérieur : Odille Lauria
Compositions musicales : Aline Loustalot

Merci à l’historien Stanis Perez pour son accompagnement, ainsi qu’à François Popineau pour ses relectures.
Merci à la MC 93 Bobigny avec les régisseurs Julien Fouet et Jacques Laine.

production / soutiens

La Région Ile de France avec le service Livre, le Centre des Monuments Nationaux, le Festival Hors-Limites.

La conférence de Paul-Laurent Assoun, philosophe et psychanalyste auteur de l’ouvrage « Tuer le mort ».

« Entre exhumations passées et écriture au temps présent : les enjeux conscients et inconscients du réveil des figures royales. »

« En octobre 1793, les tombeaux de la basilique Saint-Denis sont profanés et les corps des rois inhumés en ce lieu depuis quelque quinze siècles sont extraits, dissous et jetés pêle-mêle dans la fosse de l’Histoire. Acte hors norme, unique en son genre, légalement exécuté au nom de l’État révolutionnaire, de la Terreur instituée. Le présent ouvrage, à partir de la reconstitution de la trame serrée des discours et des faits, s’emploie à extraire la signification de cette violence symbolique pure. L’échafaud pour les rois vivants ne suffit pas, il s’agit bien de tuer le mort.

Cela n’est intelligible qu’en revisitant à l’aide de Freud la fonction du corps totémique et du « tabou du chef » et en en démontant la logique inconsciente. L’anthropologie psychanalytique du politique, avec les ressources de la métapsychologie, interroge la haine pure, la passion de la ruine et la structure du désir révolutionnaire. L’Éros du changement collectif, se radicalisant en mise en acte de la pulsion de mort, vise le corps ennemi qui ne saigne plus. L’enjeu de l’événement, le corps de la souveraineté, n’est rien moins que l’entrée cataclysmique du sujet dans la modernité politique, ce qui en fait l’actualité chronique. » Paul-Laurent Assoun