L’élargissement du souffle

L’élargissement du souffle naît d’une première réponse aux romans autobiographiques de Thomas Bernhard.

Avec le thème du souffle comme point de départ, mais dans ses forces contraires, entre celles qui nous sont intrinsèques et celles auxquelles la société nous confronte : tout d’abord le souffle malade, « endommagé » de Thomas Bernhard, qui évoque plus largement nos corps abîmés par l’air irrespirable d’une époque, et de notre époque, ou encore, le souffle à travers nos vies quotidiennes sans répit, sans possibilité de reprendre une respiration à taille humaine.

Et d’un autre côté, le souffle incroyable de Thomas Bernhard, cet élan vital et débordant d’humour dans lequel il s’est poussé hors de lui-même et nous pousse, du coup, hors de nous-mêmes.

C’est aussi par le biais scientifique du phénomène que je tente de venir à bout de cette thématique liée au souffle : j’invente le phénomène selon lequel les chenilles pratiquent l’élargissement du souffle pendant la nymphe, lorsqu’elles sont dans la chrysalide en train de se transformer en papillon. Je me livre à la performance de me suspendre dans un arbre pendant plusieurs jours enfermée dans un cocon afin de me donner toutes les chances possibles de provoquer un élargissement du souffle. 

En privilégiant ce qui existe de plus infime dans la nature, la thématique de la performance prend tout à coup un sens d’une grande force : celui que, peut-être, l’élargissement du souffle est ailleurs, loin de nos performances les plus spectaculaires, dans un lien à réinventer avec notre environnement, dans le surgissement de ce qu’il y a de plus éphémère au sein de celle-ci, et surtout dans la rencontre encore possible entre nos corps et les matières vivantes.